Prison de Haren: Quels aménagements pour les détenues ?

Publié le 7 septembre 2021 à 16:46

La future prison de Haren accueillera, à terme, 1190 détenues. Implanté au nord de la Région Bruxelles-Capitale, ce nouveau complexe pénitentiaire est destiné à remplacer à partir de 2022 les prisons vétustes de Saint-Gilles, Forest et Berkendael. 

Contexte

Dès le départ, ce projet de "méga-prison" a suscité le débat mais aussi une forte opposition. Outre le problème écologique que le projet engendre (il s’érige sur l'un des poumons verts de la capitale : le terrain du Keelbeek), il est aussi considéré comme une mauvaise réponse à la surpopulation carcérale, et il augmenterait l'isolement des détenus qui seraient géographiquement éloignés de leurs familles et de leurs proches. 

C’est pour toutes ces raisons que plusieurs recours ont été introduits par des riverains de Haren et diverses associations, rassemblés au sein du Comité de Haren. En 2019, le Conseil d’État a cependant rejeté les derniers recours contre la construction du complexe pénitentiaire. 

Concernant les coûts de ce chantier, un seul chiffre a été rendu public : le partenariat public-privé mis en place dans le cadre du projet de la prison de Haren coûterait à l’État 40,2 millions par an pendant 25 ans, soit un total d'un milliard d'euros. Depuis, le journal Le Soir constate une certaine opacité autour de ce chiffre, qui pourrait être plus élevé. 

Quid des femmes détenues ?

Reste une autre question à propos de cette future prison : quels aménagements seront prévus pour les femmes détenues ? Une question importante car "Les femmes représentent habituellement une très petite minorité de la population carcérale générale. De plus, elles se caractérisent par des vulnérabilités et des besoins particuliers qui diffèrent de ceux des hommes. Or, les règles et les structures pénitentiaires ont été créées en vue d’accueillir une population carcérale dans laquelle les détenus masculins sont considérés comme étant la norme", écrivait, en 2018, le Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT). En Belgique, il y a actuellement 510 détenues, elles représentent 4 à 5 % de la population carcérale générale. Cinq mamans sont en prison avec leur enfant.

"On ne dit plus ‘prison’, on dit ‘village pénitentiaire’", souligne Johan Vanderborght, responsable communication de la Régie des bâtiments, interrogé par Les Grenades à ce sujet. "On ne parle plus non plus de cellule, mais de chambre. Au niveau du bâtiment, il y a des aménagements prévus pour les détenues féminines. Il faut d’abord dire qu’on sort de la logique panoptique qui prévalait dans les autres prisons, comme celle de Forest ou de Berkendael [la panoptique est un type d'architecture carcérale qui permet au gardien d’observer les prisonniers et prisonnières sans être vu, ndlr]. On préfère parler de village car il y aura différents bâtiments, des unités plus petites et plus conviviales, plutôt qu’un seul énorme bâtiment. Pour les femmes, il y aura une unité ouverte en-dehors de l’enceinte, pour les femmes qui peuvent aller travailler la journée et doivent revenir le soir, et une unité fermée à l’intérieur de l’enceinte."

L’unité ouverte pourra accueillir 60 détenues, divisées en six petits groupes dans des "unités de vie". L’unité fermée est composée de 90 détenues, elle sera divisée en trois plus petites unités de 30 femmes chacune. "Pour les mamans avec enfants, il y aura y aura deux chambres, une pour la maman et une pour l’enfant. Et aussi des espaces de jeux pour les enfants et de détente pour les détenues, à l’intérieur comme à l’extérieur. Nous faisons attention aux matériaux utilisés et nous avons choisi des couleurs chaleureuses pour les murs. Il y aura un toit végétal et des panneaux photovoltaïques aussi [Il s’agit d’une obligation légale, ndlr]. Bien sûr, il y a également des mesures de sécurité importantes qui sont prévues", explique Johan Vanderborght.

"Mais nous souhaitons avoir une vision humaine de la prison, l’important c’est la réinsertion après avoir purgé la peine. Les ateliers sont un espace important à Haren, ce sont des lieux collectifs où les détenues peuvent apprendre ensemble des choses, on sait que cela facilité leur réinsertion dans la société, pourtant ce sont des lieux quasi inexistants à Forest ou Berkendael", termine-t-il.

Outre le bâtiment en lui-même, et pour en savoir plus sur la vie quotidienne des détenues, nous aurions aimé poser des questions à la Direction générale Pénitentiaire mais nos demandes d’interviews ont été refusées.......

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https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_prison-de-haren-quels-amenagements-pour-les-detenues?id=10835913